Une Vasa envers et contre tout !
Cet hiver 2020 fut très rude pour les collectionneurs de tampons Worldloppet.
Transjurassienne, Sapporo, Tartu, Finlandia, König Ludwig Lauf, annulées faute de neige, Engadin, Birkebeiner, Fossavatn annulées pour cause de coronavirus…
Heureusement il y eut les courses américaines et quelques européennes sauvées par la chance (Jizerska 50), le calendrier (Demino ou Bieg Piastow), l’altitude (Dolomitenlauf) ou la neige artificielle (Marcialonga).
Ou, ou … avec une énergie incroyable … et la volonté de maintenir coûte que coûte une épreuve qui est le symbole de tout un pays : la Vasaloppet.
Courant février, les rumeurs les plus inquiétantes couraient sur l’organisation de toute la semaine « Vasa ».
« Alors l’ami Boris, tu risques fort de rester à la maison, ce premier dimanche de mars : …pas de neige entre Sälen et Mora, beaucoup d’eau, des lacs… la Vasa sera probablement annulée… »
Pourtant sur le site de la course, la confiance semblait de mise :
« Nous ferons tout ce qui est possible pour maintenir toutes les courses de la Vasa (…) ».
Et « ils » ont tout fait !
Un enneigement artificiel (de la neige à canon mais aussi de la vraie neige stockée dès les premières chutes de l’hiver) sur 90 km, 6 à 8 mètres de large et 40 cm d’épaisseur. Plus l’immense aire de départ à Berga.
Calculez le volume de neige que cela représente, le nombre de camions, tracteurs et autres remorques qu’il fallut déplacer sur cette piste.
« Tout le monde s’y est mis : les bénévoles de tous les villages traversés, les entreprises de travaux publics, les agriculteurs, les familles … »
(Cf photos 1 to 4)
C’est qu’au-delà des moyens financiers que cela nécessite (mais la Vasa est une grande dame riche : pas trop d’inquiétude de ce côté-là) il faut du potentiel humain. Heureusement que la Vasa est une institution en Suède et qu’il était impensable de revivre l’édition 1990.
Rappelons que la semaine Vasa c’est … 11 épreuves réparties sur 10 jours… et réunissant au total près de 60 000 concurrents. Et plus de 7 millions d’€uros de droits d’inscription…
Seule concession faite : le départ de la Vasa 30 et de la course des femmes (la Tjej) se faisait du point de ravitaillement d’Oxberg et celui de la Vasa 45 d’Evertsberg (et non, comme d’habitude, du stade de départ situé en dessous de Oxberg).
Le prodige eut lieu.
Arrivé sur place le lundi soir de l’Öppet Spar, j’ai découvert à Mora une piste fantastique.
Cf photo Mora

Et pour avoir couru la Vasa 45 (… seulement 43 km cette année) je confirme : une piste comme je n’en ai jamais connu, en 32 ans de Vasaloppet ! Une belle neige, certes un peu glacée, mais pas un caillou, pas une herbe, de bonnes prises de bâtons, des traces bien profondes.
L’idéal. Du reste les amis qui ont couru l’Öppet Spar du dimanche ou du lundi en ont profité pour exploser tous leurs chronos.
Pour ma part, avec 2h23 pour relier Evertsberg à Mora, je me suis pris pour un champion ! Fartage en tube violet … sans doute bien inutile tant la glisse était bonne.
Cf photo vasa45

Heureusement les nuits restaient fraiches (jusqu’à -10 °) et le temps ensoleillé : il suffisait de repasser un petit coup de dameuse pour retrouver au matin des traces impeccables. Et c’est ainsi que la Vasa30, puis la course des femmes, puis les deux Öppet, et la Vasa 45, la course des enfants, le relais, les deux Vasa de nuit (Nattvasan 90 et Nattvasan 45) enfin la Blabär se sont déroulées dans les meilleures conditions qui soient.
Bravo et merci les gars !
Le relais ?
Le relais (la staffet comme ils disent en Suède), cela vaut le coup d’en dire un mot : c’est le parcours de la Vasaloppet, entre Sälen et Mora, à faire entre copains, à 5.
Les relais sont intelligemment conçus (Sälen-Mangsbodarna ; Mangsbodarna -Evertsberg ; Evertsberg-Oxberg ; Oxberg-Höckberg ; Höckberg-Mora) afin que l’équipe puisse inclure des skieurs de différents niveaux, les parcours s’échelonnant ainsi de 9 à 24 km.
Une organisation parfaite.
Tant au point de relais : des grands panneaux lumineux annoncent avec 5 minutes d’avance l’arrivée de son coéquipier, ce qui évite les bousculades (on n’entre sur le point de relais qu’à ce moment) et les attentes trop longues.
Cf photo staffet 1

Que dans le transport en bus (fortement conseillé) : pour chaque relayeur, un bus le dépose à son point de départ, prend son sac vestiaire et le récupère à son point d’arrivée (où l’attend son sac vestiaire).
Mais je ne saurai mieux définir le bonheur de cette Vasa en relais que l’ami Patrick Jamroz qui participait cette année à notre relais. Ecoutons-le : « Le ski de fond est une pratique individuelle mais avoir pu participer à ce relais, à la VASA, avec des copains meilleurs skieurs que moi m’a donné l’occasion de me dépasser pour l’équipe. Cela a été pour moi une expérience et un moment intense dans l’effort et l’émotion. Par ma prestation, j’avais à cœur de remercier Gérard de m’avoir fait confiance pour être l’un des relayeurs de la « 5ème compagnie ».
Cf photo staffet 2 et 3
Et la neige est venue !
Toute la semaine les prévisions météorologiques pour le dimanche à venir ont varié. Parfois de la pluie, plus rarement de la neige. Soit le matin, soit toute la journée… Jamais de soleil !
Il fallut attendre le samedi soir pour savoir quoi farter. Enfin pour celles et ceux (dont je suis) qui ne s’engagent pas sur les 90 km de la Vasa sans fart, confiant seulement en ses capacités de poussée simultanée. Parce que, pour toute plate qu’elle soit, la Vasaloppet c’est tout de même 1280 m de dénivelé positif !
Et nous avons farté … en poussettes. Pour neige fraiche (…mais hélas chaude).
Car il a neigé dès le milieu de la nuit. Une neige à -2°. Pas le pire, mais presque.
Des paysages redevenus magnifiques, des arbres aux branches blanchies, des près enneigés : on se serait cru en hiver !
Mais une neige intense sur le stade de départ (heureusement sans le vent à 30 km/h qui était, parfois, annoncé). Pas très froid. Tout juste humide.
Peut-être un peu moins de monde au départ (faute d’entrainement ?) mais toujours la même bousculade à la première côte.
Cf photo vasa 1

Sur les 3 premiers kilomètres, pour LA côte, le fart semble tenir, les traces sont un peu hachées (comme toujours) mais rien de bien inquiétant.
C’est par la suite que cela s’est gâté !
Il neige encore. Et toujours.
Et il n’y a que 2 traces après Smägan ! Et des embouteillages. En 32 ans de Vasaloppet, c’est la première fois que je vois cela. Les traces de gauche sont enfouies sous la neige et nul ne s’y risque. Car il y a encore des traces.
Cf photo vasa 3

Mais cela ne va pas durer : dès Risberg (kilomètre 35) la neige est à zéro degré, elle fond sur la couche dure et glacée des traces anciennes et le fart ne retient plus. Inutile de corriger. C’est un champ de labour. Les appuis sont incertains et bien des skieurs chutent sans vraiment de raison : pour s’être retrouvé en porte à faux de façon imprévisible.
Cf photo Vasa 2

Parfois une chenillette retrace et apporte… quelques centaines de mètres de bonheur, mais cela ne dure guère.
Heureux ceux qui savent la technique de la double poussée et peuvent la tenir des heures durant !
A m- course, la neige cesse. Mais jusqu’à Höckberg (km 70) toujours pas de traces fiables. Et une piste toujours réduite de moitié en largeur. Pour avoir vu, quelques jours plus tard à la télé, les premiers : ils skiaient tous en file indienne, sur une seule trace … Nul ne voulait ouvrir dans la poudreuse. Du reste le chrono final s’en ressent : plus de 4h25 pour le vainqueur Petter Eliassen.
Le parcours plus plat des 20 derniers kilomètres permit de retrouver des semblants de traces, certes hachurées, mais cependant existantes.
Cf photo Vasa 4

Bref ce fut (comme l’année précédente) une édition difficile.
Mais une fois encore qui mit en valeur les capacités d’adaptation des organisateurs de cette course.
Les barrières horaires furent assouplies pour les derniers. Mais surtout, pour celles et ceux qui arrivaient à Höckberg la nuit tombante (et ils étaient sans doute plusieurs centaines) des bénévoles leur proposaient des frontales ! Récupérées une fois la ligne d’arrivée passée.
Cf photos nuit 1 et 2
Bravo les amis : on reviendra !!!
Quelques résultats :
Robert Palliser (can) a couru 3 vasas cette année ! L’Öppet du dimanche en 6h26 ; l’Öppet du lundi en 6h30 et la Vasa en 8h24.
Iwana et Joseph Kral (tch) ont également couru 3 fois : la Vasa 30 (3h07) ; l’Öppet du dimanche en 9h36 et l’Öppet du lundi en 9h22.
Sur l’Öppet du lundi, notons encore Daniel Clerc (fr) en 5h50 et Jean-Philippe Beaucher (fr), sa 27ème année de Vasa, en 10h14.
Sur la « vraie » Vasa :
Olivier Traullé (fr) en 6h17 ; Jean-Pierre Henriet (fr) en 7h13 ; Boris Petroff (fr) en 7h31 ; Sergueï Petrov en 9h27 ; Jay Wiener (usa) en 10h39 ; Annie Ponsonnet (fr) en 11h24.
Et pour le fun … il y avait cette année sur la Vasa un certain Michael Gorbatchev (en 8h38) et un plus rapide Medvedev (6h18) … Rien à voir avec les politiques russes du même nom.
Article in english, autotranslated:
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